Un SPA est un produit naturel ou synthétique qui modifie principalement l’état du système nerveux central. Il altère les fonctions du cerveau, et peut induire des changements au niveau de la perception, des sensations, de l’humeur, de la conscience ou d’autres fonctions psychologiques et comportementales. Il y a principalement trois classes de SPA : les stimulants qui produisent une accélération des processus normaux de l’organisme (cocaïne, amphétamines, café, tabac, boissons énergisantes, etc.), les perturbateurs ou hallucinogènes qui altèrent la perception et le jugement (cannabis, LSD, etc.) et les dépresseurs qui entraînent une sensation de détente et une perte d’inhibitions (alcool, plusieurs médicaments dont les tranquillisants, somnifères, analgésiques, etc.). Les SPA peuvent être des substances licites (en ventre libre ou disponibles sur ordonnance médicale) ou illicites.
Quoique les limites entre usage et mésusage demeurent parfois floues, lorsque le comportement d’une personne face aux SPA devient dangereux pour autrui et pour elle-même, causant chez elle une détérioration importante et une détresse perceptible cliniquement, on peut alors penser que cette personne présente un trouble lié à l’utilisation d’une substance.
Il y a principalement trois niveaux de consommation à considérer en toxicomanie : 1) l’usage récréatif, où le risque est considéré comme acceptable pour l’individu et la société ; 2) l’usage à risque, qui peut entraîner des dommages de type physique ou psychosocial à plus ou moins long terme, comme l’abus ou l’usage excessif ; 3) l’addiction, niveau le plus extrême caractérisé par la perte de liberté et de la maîtrise sur la consommation (Acier, 2016).
En Amérique du Nord, la prévalence à vie des troubles liés aux substances (autres que l’alcool) est de 6.1% (Regier, 1990). Les évaluations nationales canadiennes avancent environ les mêmes données (Rush el al., 2008). On retrouve aussi une comorbidité psychiatrique (l’existence d’un autre trouble conjointement) fréquente et plus élevée que dans la population générale, telle que la schizophrénie, les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et les troubles de la personnalité. De plus, l’abus de plusieurs SPA est très commun parmi les patients présentant une toxicomanie et la polytoxicomanie semble être devenue la norme plutôt que l’exception. La toxicomanie constitue une problématique sociale importante et un trouble psychiatrique récurrent et chronique lié à une multitude de conséquences défavorables tant au niveau médical (incluant les blessures physiques et les symptômes psychiatriques), économique que social.
L’American Society of Addiction Medicine (ASAM) et la Canadian Society of Addiction Medicine (CSAM), considèrent l’addiction ou toxicomanie comme une maladie primaire, chronique et potentiellement fatale comportant des facteurs génétiques, psychosociaux et environnementaux. Cette maladie affecte les circuits cérébraux de la récompense, de la mémoire et de la motivation. Les manifestations cliniques sont biologiques, psychiatriques, psychosociales et spirituelles.
La toxicomanie comme toute conduite addictive, naît de l’interaction entre des facteurs de risque et de vulnérabilité liés à l’individu, au contexte socio-environnemental et à l’objet addictif. En d’autres termes, elle est causée par l’action d’une drogue d’abus sur un cerveau vulnérable et requiert habituellement une exposition répétée à la substance. Ce processus est grandement influencé par la génétique d’une personne et le contexte psychologique et social dans lequel la consommation de substances a lieu.
Une fois devenue addiction, cette condition peut être chronique et les personnes qui la présentent montrent un risque très élevé de rechute. Ceci semble être relié à des changements stables et durables dans le cerveau, responsables d’anomalies comportementales à long terme (Nestler, 2001). Selon les études, 40 à 60 % des patients traités pour des troubles liés aux substances retournent à une consommation active de substances durant l’année qui suit la fin du traitement et environ 40% réintègrent le traitement durant les six premiers mois (Moore et al., 2014). Les taux de rechute sont encore plus élevés chez les toxicomanes qui consomment plus d’une substance communément appelés les polytoxicomanes.
Selon Acier (2016), « la toxicomanie se reconnaît par la présence d’une dépendance physique relié à une adaptation du système nerveux central à un certain seuil de concentration de SPA dans le sang et où la baisse de ce seuil crée un déséquilibre dans les effets ressentis (tolérance). Ce déséquilibre au niveau du système nerveux central se traduit également par une sensation de malaise physique et de mal-être psychologique en cas d’arrêt complet de la SPA (sevrage). La dépendance psychologique se réfère au besoin irrépressible de consommer la substance pour ressentir les mêmes effets (il y a donc une perte de liberté de l’individu à s’abstenir de consommer, qui n’est plus un choix). L’absence de l’effet des substances, ou la crainte de son absence, crée un état désagréable (état de manque) qui pousse la personne à recommencer la consommation. Ce besoin impérieux de consommer, malgré une décision d’arrêter, peut devenir de plus en plus puissant (craving ou appétence). Le diagnostic d’une toxicomanie couvre principalement ces cinq dimensions et permet de situer le toxicomane sur un continuum de sévérité : la perte de liberté, la présence de conséquences négatives, l’existence d’une tolérance, d’un sevrage physique ou psychologique et d’une appétence (i.e. craving) ».