L’alcool, le système neurologique, et le déficit nutritionnel
Écrit par Sylvie André, infirmière spécialisée en dépendances.
Lorsqu’une personne recherche de l’aide pour une consommation problématique d’alcool, elle doit d’abord être évaluée par un professionnel médical compétent.
Il dressera un profil de la consommation de la personne (la substance consommée, les quantités standards par jour, la fréquence par semaine; depuis combien de temps et la date de la dernière cosommation). Ces données combinées à l’évaluation de l’état de santé physique et mentale, permettront d’établir s’il y aura une probabilité de sevrage alcoolique en plus d’évaluer le niveau d’intensité du sevrage et les risques de complications de celui-ci (tels que les hallucinoses, les convulsions, le delirium tremens).
En fonction de ces paramètres, le médecin pourra alors prescrire de la thiamine et de l’acide folique (et autres médicaments).
Ces vitamines occupent une place majeure dans le rétablissement de la personne. Pour quelles raisons?
L’alcoolisme cause des lésions organiques au cerveau. Ces lésions neurologiques sont attribuables d’une part à l’action directe de l’alcool sur les neurones mais aussi, d’autre part, à une carence en thiamine (vitamin B1) et en acide folique. Ces dommages entraînent une destruction progressive de la gaine de myéline, située au pourtour des neurones et qui a comme fonction de protéger la conductivité des influx nerveux.
Ce qui entraîne une destruction irréparable et définitive des neurones dans le cerveau. On peut voir apparaître certaines manifestations qui témoignent de lésions avancées. Ainsi l’ataxie cerebelleuse, qui touche le cervelet, se manifeste par des difficultés d’élocution, une démarche anormale, et une coordination déficiente.
L’abus chronique d’alcool entraîne également la destruction des neurones du cortex cérébral et du système limbique. Ce syndrome que l’on nomme celui de Wernicke, est caractérisé par de la confusion, de la somnolence et un mouvement involontaire et saccadé des yeux.
Puis très rarement, mais très sévèrement, apparaît la psychose de Korsakoff qui serait caractérisée par une désorientation dans le temps et l’espace, un délire et une altération prononcée de la mémoire. Il n’est pas rare de voir une personne souffrant de cette maladie prendre des événements de son passé pour les introduire dans un récit récent.
Pour le consommateur moyen, il peut lui arriver, fréquemment ou moins souvent, de ne pas se souvenir de faits vécus pendant l’intoxication. Ces trous de mémoire (appelés “black-outs) sont dus à des lésions neurologiques dans le circuit de Papez—la structure cérébrale impliquée dans l’enregistrement de la mémoire.
Le systeme nerveux périphérique peut aussi être atteint. On parlera alors de “polyneuropathies alcooliques” qui se manifestent par des engourdissments et fourmillements dans les pieds et les mains (ainsi qu’une perte de l’acuité visuelle appelée amblyopie) contribuant à la perte de masse donnant a l’alcoolique, l’allure décharnée au niveau des bras et des jambes avec une protuberance de l’abdomen mieux appelée “la bedaine de bière”.
Conclusion
La consommation d’alcool quelle soit aiguë ou chronique nécessite un regard attentif sur son traitement. Comme nous venons de le voir, dans le présent article, nous porterons donc aussi notre attention sur l’aspect nuritionnel des habitudes de vie de la personne alcoolique. Les interventants (toutes spécialités confondues) pourraient donc s’attarder sur le déficit nutrionnel relié à la substitution des aliments par l’alcool dans un but d’amélioration des habitudes alimentaires et de prévention des carences nutritionnelles en lien avec les conséquences de la consommation d’alcool sur le système neurologique.
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Références
Cook, J.Sue; Fontaine, Karen Lee: Soins infirmiers:psychiatrie et santé mentale; ERPI-Editions du renouveau pédagogique; Montreal, Quebec; 787 pages.
Ben Amar, Mohamed; Leonard, Louis: Les psychotropes: pharmacologie et toxicomanie; Les Presses de l’Université de Montréal; Janvier 2002, 919 pages.