La dépression chez les ados : 10 conseils pour les parents
La dépression à l’adolescence est plus fréquente qu’on ne le pense, et la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’accroître le besoin de ressources de soutien en santé mentale pour les jeunes. En fait, selon une récente étude, 25 % des jeunes dans le monde souffriraient de symptômes de dépression significatifs sur le plan clinique.
En raison notamment de la stigmatisation liée à la santé mentale et des stéréotypes entourant les sautes d’humeur typiques de l’adolescence, beaucoup de jeunes qui souffrent d’un trouble de santé mentale ne reçoivent pas les soins dont ils ou elles auraient besoin. Bien qu’il n’existe pas de solution toute faite pour guérir ces troubles, les parents peuvent s’appuyer sur diverses stratégies éprouvées pour aider leur enfant qui souffre d’anxiété ou de dépression.
Nous nous sommes entretenus avec Dayna Browne, responsable du programme virtuel de soins en santé mentale pour adolescents et adolescentes d’EHN Online, afin d’identifier les dix principales façons dont les parents peuvent aider un ou une jeune souffrant de dépression. Visionnez la vidéo ci-dessous (en anglais seulement) ou poursuivez votre lecture pour connaître les conseils de Dayna.
Comment reconnaître la dépression chez votre ado?
Avant toute chose, il est important de déterminer si votre jeune traverse une période de dépression ou bien de puberté, puisque les signes et symptômes peuvent être semblables. L’intensité et la durée des symptômes peuvent toutefois vous aider à déterminer s’il s’agit d’une étape normale de l’adolescence ou s’il y a lieu de vous inquiéter.
Voici quelques-uns des signes à surveiller :
- Tristesse intense, irritabilité ou susceptibilité exagérée
- Perte d’intérêt pour des activités auparavant appréciées
- Changements dans les habitudes d’alimentation ou de sommeil
- Manque d’énergie et de motivation
- Impression d’être inutile ou sentiment de désespoir face à l’avenir
- Baisse des résultats scolaires
- Douleurs et maux inexpliqués
- Nouveau cercle d’amis ou retrait social
Tous ces signes n’ont pas à être présents pour qu’un diagnostic de dépression soit posé. La dépression peut également se manifester de manière légèrement différente chez les jeunes que chez les adultes. Par exemple, les ados peuvent paraître plus irritables que tristes.
Vous ne savez toujours pas s’il s’agit d’une dépression ou de la puberté? La réponse se trouve souvent dans la durée des symptômes énumérés ci-dessus. Si les symptômes durent deux semaines ou plus, il pourrait s’agir d’une dépression. Poursuivez votre lecture pour découvrir quelques moyens d’aider les jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale.
1. Parlez ouvertement et régulièrement de santé mentale
Parler ouvertement de la santé mentale et normaliser le fait de vivre des difficultés crée un environnement sûr dans lequel les jeunes se sentent plus à l’aise de s’ouvrir et de demander de l’aide. Ces conversations peuvent également aider à comprendre ce qui cause leur dépression ou y contribue ainsi que le type de soutien dont ils ou elles ont besoin.
Lorsque vous parlez à votre ado, votre ton de voix doit être calme et vos paroles doivent être dénuées de jugement. Les jeunes souffrant de dépression peuvent être particulièrement sensibles à la critique. Il peut donc être utile de reconnaître leurs sentiments et de leur demander ce qui pourrait les aider, sans les interrompre ni les juger. Beaucoup d’ados ont sans doute déjà une idée de ce dont ils ou elles auraient besoin. Faites preuve de tolérance et d’ouverture quant à leurs pensées et à leurs suggestions.
2. Encouragez un mode de vie sain
Il a été prouvé que la santé physique a un effet sur la santé mentale. Un sommeil adéquat, une alimentation équilibrée et l’exercice sont tous des facteurs importants pour l’humeur.
Dans une revue systématique portant sur l’exercice physique comme traitement de la dépression, des chercheurs ont conclu que l’exercice semblait être un traitement efficace pour la dépression, améliorant les symptômes dépressifs aussi efficacement que la psychothérapie et les médicaments. Ils ont aussi constaté que même une pratique modérée de l’exercice pouvait améliorer l’humeur. Il est donc essentiel d’encourager les jeunes à faire de l’exercice régulièrement.
En matière d’alimentation, ce que nous mangeons influence tous les aspects de notre santé, y compris notre santé mentale. Veiller à ce que les jeunes consomment des aliments nutritifs qui soutiennent leur croissance et leurs hormones peut les aider à réguler leur humeur.
Il ne faut pas oublier l’importance du sommeil, qui intervient dans pratiquement tous les systèmes du corps. Le sommeil renforce le système immunitaire, aide à réguler les hormones et favorise la récupération des muscles et des tissus. Soutenir le bien-être physique de votre enfant est un excellent moyen de soutenir son bien-être mental.
3. Établissez une structure
La constance et la structure sont importantes pour réguler l’humeur des jeunes. De petites habitudes quotidiennes, comme souper à la même heure tous les soirs, peuvent avoir un impact important sur leur bien-être. Si l’humeur de votre enfant est particulièrement affectée pendant les mois d’hiver, essayez de l’encourager à se lever avec le soleil pour maximiser son exposition à la lumière du jour.
Encadrer l’utilisation des médias sociaux peut également être extrêmement efficace, puisque l’usage excessif des médias sociaux est lié à un mauvais sommeil ainsi qu’à une mauvaise santé mentale. En effet, selon une étude, utiliser les médias sociaux nuit directement à la santé mentale, mais y nuit aussi indirectement, en perturbant le sommeil. Ainsi, avoir des périodes fixes pour des activités telles que les médias sociaux et le repos peut favoriser une humeur stable.
4. Faites preuve de constance
Lorsque l’on fixe des limites aux jeunes, que ce soit par rapport à leur utilisation des médias sociaux, à leur emploi du temps ou aux règles de la maison, la constance est essentielle. Cela implique aussi de faire preuve de constance dans vos propres actions, émotions et réactions. Beaucoup des stratégies mentionnées dans cet article exigent de la constance pour fonctionner (une seule bonne nuit de sommeil ne suffit pas!). Faites de votre mieux pour respecter les limites que vous avez établies tant pour vous-même que pour votre enfant.
La constance est également très importante dans la communication avec votre enfant. Qu’ils soient déprimés ou non, les adolescents et adolescentes traversent des changements hormonaux et des émotions intenses qui peuvent rendre la communication difficile. Bien que vous ne puissiez pas contrôler leurs émotions, vous pouvez contrôler les vôtres afin d’assurer équilibre et constance. Votre jeune doit se sentir en confiance quand il ou elle vous parle. Cela signifie que votre humeur doit être stable, afin que votre enfant puisse vous confier ses problèmes sans avoir peur de vos réactions excessives ou de votre jugement. Évitez de faire le yoyo, d’être sévère un jour et de tout permettre le lendemain, etc. Une autre façon de fournir une constance à votre enfant est de vous assurer d’être sur la même longueur d’onde que la personne avec qui vous partagez le rôle parental.
5. Utilisez des techniques de relaxation
La méditation, le yoga, la respiration profonde et les exercices d’ancrage sont tous excellents pour gérer l’humeur et rester dans le moment présent. Et il n’est pas nécessaire d’effectuer ces exercices dans un cadre formel, tel que dans un cours. Encourager votre enfant à prendre un moment pour se détendre lorsqu’il ou elle se sent à bout de souffle peut être très utile. Découvrez quelques idées d’exercices ici (en anglais seulement).
Il vous faudra peut-être un peu de temps pour trouver un exercice qui convient à votre ado, mais ne lâchez pas! Les bienfaits de la méditation sont indéniables. Selon une revue systématique, la méditation de pleine conscience est une approche utile pour le traitement de l’anxiété et de la dépression. De plus, lorsqu’elle est combinée à l’exercice aérobique, la pleine conscience est encore plus efficace et donne des résultats immédiats.
6. Encouragez votre enfant à s’amuser
Les jeunes aussi vivent du stress. La pression scolaire, les activités parascolaires, les pairs : tout cela peut susciter des sentiments de dépression ou d’anxiété. Assurez-vous d’encourager votre enfant à s’amuser. Si votre ado semble avoir perdu tout intérêt pour ses loisirs habituels (un symptôme courant de la dépression), pourquoi ne pas essayer de nouvelles activités ensemble? Ce peut être un excellent moyen d’améliorer son humeur et de lui donner envie de découvrir de nouvelles choses.
Les loisirs sont aussi l’occasion de tisser des liens sociaux, que ce soit avec vous, avec des camarades ou avec de nouvelles personnes. Selon la travailleuse sociale Dayna Browne, « le plaisir peut servir de moyen pour libérer des émotions refoulées et également pour découvrir ses valeurs fondamentales ».
7. Favorisez la création de relations positives
Il est connu que l’isolement social peut nuire à la santé mentale. Encourager votre enfant à créer des liens positifs, que ce soit avec des membres de la famille, des pairs ou d’autres adultes de confiance, peut favoriser des émotions positives. Trouver une activité de groupe qui plaît à votre ado peut être un bon point de départ.
Si votre enfant a du mal à tisser des liens avec ses pairs ou à socialiser à l’école, continuez de lui proposer de nouvelles activités, mais assurez-vous de lui offrir aussi votre compagnie! La santé mentale et les relations familiales sont reliées : ne sous-estimez pas l’importance de votre soutien. Le fait de se sentir appuyé et un fort sentiment d’appartenance contribuent au bien-être émotionnel des adolescents et adolescentes.
8. Préparez un plan en cas d’urgence
La mise en place d’un plan d’urgence peut apaiser votre esprit et celui de votre enfant. Dayna Browne affirme que lors d’une crise liée à la santé mentale, avoir un plan « crée un sentiment de contrôle lorsque votre adolescent peut sentir qu’il n’en a pas ». Le plan peut être aussi simple que d’appeler une personne désignée (comme un grand-parent, un oncle ou une tante), d’aller faire une promenade, de contacter un service d’écoute téléphonique, ou de faire un exercice de pleine conscience. Même si votre ado n’a jamais besoin d’utiliser la stratégie que vous avez élaborée ensemble, savoir qu’un plan existe en cas d’urgence peut être rassurant.
9. Renseignez-vous au sujet de la santé mentale
Saviez-vous que la recherche « mes parents ne comprennent pas ma dépression » est courante sur Google? Cela laisse entendre que les enfants qui traversent des difficultés en matière de santé mentale ressentent une rupture et un manque de communication avec leurs parents. Vous renseigner sur le sujet et vous préoccuper pour la santé mentale de votre ado peut faire une grande différence. De plus, les efforts que vous faites pour comprendre et soutenir la santé mentale de votre enfant à l’adolescence l’aideront à faire preuve d’une plus grande résilience à l’âge adulte.
En vous renseignant au sujet de la santé mentale chez les adolescents, vous serez mieux à même de soutenir un jeune ou une jeune en difficulté. Pour plus d’informations sur le sujet, vous pouvez consulter les ressources suivantes :
Mental Health Literacy (en anglais seulement)
Dépression à l’adolescence : un guide pour les parents (en anglais seulement)
Cinq signes que la santé mentale de votre adolescent ne va pas (en anglais seulement)
6 faits à connaître sur les troubles de santé mentale à l’adolescence (en anglais seulement)
10. Demandez de l’aide
Si vous avez essayé de soutenir le bien-être mental et physique de votre enfant, mais qu’il ou elle continue de vivre des difficultés, songez à demander de l’aide. Il existe de nombreuses options pour traiter et guérir la dépression chez les adolescents. Celles-ci peuvent inclure une consultation avec votre médecin de famille, la prise de médicaments, une rencontre avec le conseiller ou la conseillère d’orientation de l’école, le soutien et l’aide de vos proches ou encore l’inscription à programme de traitement.
De nombreux établissements proposent des services de santé mentale pour les jeunes, et de plus en plus de ces services sont offerts en ligne. Vous et votre enfant n’avez pas à traverser cette période sans aide. Des ressources et des spécialistes en santé mentale sont là pour vous soutenir.
Un programme de traitement spécialisé pour adolescents
Pour autant que nous le souhaitions, une bonne routine et un passe-temps amusant ne suffisent pas toujours à vaincre la dépression. Si vous pensez que vous et votre enfant avez besoin de soutien supplémentaire, l’inscription à un programme de traitement pour adolescents, tel que le programme Healthy Minds Comprehensive Teen Program d’EHN Online, pourrait être une bonne option. Dirigé par des spécialistes, ce programme offre conseils, soutien et éducation aux jeunes qui vivent de la dépression et de l’anxiété ainsi qu’à leurs parents.
Le programme d’EHN Online est un programme ambulatoire virtuel, structuré et fondé sur des données probantes, qui aide les adolescents et adolescentes à surmonter leurs problèmes sans les retirer de leur routine habituelle. Ce programme convient aux jeunes qui présentent des symptômes de dépression ou d’anxiété et qui ont besoin d’un soutien supplémentaire, outre celui que peuvent leur apporter la psychothérapie ou les médicaments.
En suivant un programme de traitement, les adolescents et les adolescentes constatent qu’ils ne sont pas seuls dans leur situation, ils apprennent des stratégies pour gérer leurs émotions et se sentir mieux, et ils obtiennent un soutien complet. Le programme de traitement assure aussi que les jeunes et leurs parents sont sur la même longueur d’onde lorsqu’il est question de santé mentale et de meilleures pratiques. N’hésitez pas à nous contacter pour discuter des options possibles et pour déterminer si un programme de traitement virtuel pourrait être bénéfique pour votre enfant et votre famille.
Pour en savoir plus sur nos options de traitement
Communiquez avec nous au 1 866 445-9267 si vous-même ou un être cher êtes aux prises avec un problème de dépendance ou de santé mentale.
Références
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