De nouvelles options de traitement pour les jeunes
Teresa Bansen, directrice de la qualité et de l’expérience patient, fait le point sur ce qui préoccupe les jeunes et sur les moyens de les aider.
Selon de récentes données rapportées par la Commission de la santé mentale du Canada, 1,2 million d’enfants au Canada sont aux prises avec un problème de santé mentale. Et moins de 20 % d’entre eux reçoivent les soins dont ils et elles ont besoin.
Les jeunes d’aujourd’hui sont exposés à un risque accru de développer une dépendance ou un trouble de santé mentale. Les médias sociaux, les jeux vidéo, la pression exercée par les pairs, le climat politique tendu : tous y sont pour quelque chose.
EHN Canada, réseau duquel fait partie la Clinique Nouveau Départ, propose un programme virtuel complet pour venir en aide aux adolescentes et adolescents canadiens. Teresa nous a parlé des préoccupations courantes chez les jeunes et des raisons pour lesquelles ce programme est particulièrement adapté pour les aider.
QUELS SONT LES PROBLÈMES AUXQUELS LES JEUNES SONT CONFRONTÉS AUJOURD’HUI?
Teresa : Bien que la dépendance et les troubles de santé mentale touchent les adolescents et adolescentes depuis longtemps, la jeune génération d’aujourd’hui fait face à des problèmesrelativement nouveaux.
Une préoccupation importante, sans surprise, est l’impact de la pandémie sur les enfants et les adolescents. Je ne crois pas que nous puissions comprendre ou anticiper pleinement les effets qu’a eus la COVID-19 sur la jeune génération. De ce que j’ai constaté dans mes propres interactions avec les jeunes, et de ce que les autres spécialistes du milieu rapportent, on remarqueque les jeunes ont davantage tendance à s’isoler et que leur « batterie sociale » s’épuise plusrapidement.
Nous savons aussi qu’avec les fermetures et les confinements de la pandémie, de nombreux enfants et adolescents sont passés à côté d’étapes très importantes de leur socialisation et de leur développement. D’une certaine façon, la génération actuelle affiche un léger retard de développement par rapport aux générations précédentes, car elle n’a pas eu autant d’occasions pour interagir avec ses pairs, explorer ses champs d’intérêt ou progresser dans ses études.
Les technologies et les médias sociaux sont une autre préoccupation à laquelle les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés, et c’est un enjeu que la pandémie et les confinements ont probablement exacerbé. Il existe également un écart considérable dans la façon dont les adultes comprennent et utilisent les médias sociaux et les technologies, comparativement aux jeunes qui s’y connaissent très bien. Les jeux vidéo sont une autre préoccupation couramment mise de l’avant par les parents et les intervenants. De nombreux parents avec lesquels j’ai travaillés’inquiètent du fait que leur enfant passe beaucoup trop de temps à jouer à des jeux vidéo ou devant un écran.
LES JEUNES SONT TRÈS À L’AISE AVEC LA TECHNOLOGIE, MAIS ILS DEMEURENT NÉANMOINS VULNÉRABLES AUX DANGERS DES MÉDIAS SOCIAUX. POURQUOI?
Teresa : Les jeunes sont en effet généralement très à l’aise avec la technologie. Ils arrivent à naviguer dans presque n’importe quelle application, et ils apportent même de l’aide et du soutien à leurs parents ou à leurs frères et sœurs. Cependant, jusqu’à l’âge d’au moins 25 ans, le cerveau est encore en développement, ce qui place les jeunes dans une position particulièrementvulnérable lorsqu’ils consomment les médias et utilisent les technologies.
Nous savons aussi que lorsque les parents sont bien renseignés sur les risques associés auxcomportements courants et à la vulnérabilité des jeunes, ils peuvent favoriser une communication efficace autour de ces enjeux. Cependant, les parents manquent souvent de connaissances par rapport aux médias sociaux et aux technologies, et sont donc moins à même de faciliter la tenue de conversations constructives sur les risques et la sécurité.
IL DOIT AUSSI SE PASSER DES CHOSES SUR LES MÉDIAS SOCIAUX QUE LES ADOLESCENTS NE DISENT PAS À LEURS PARENTS.
Teresa : Oui, absolument. Je suis contente que vous souleviez ce point. Je crois qu’une majorité d’adolescents et d’adolescentes ont été victimes de cyberintimidation ou y ont contribué à divers degrés, ou se sont sentis troublés ou impuissants par rapport à des situations ou à des relationsvécues en ligne. Par exemple, un pair a accès à une photo ou à des informations qu’ils ont envoyées et qui sont ensuite partagées avec d’autres sans leur consentement.
Un autre sujet de préoccupation est le fait que de nombreux adolescents et adolescentesrencontrent des amis en ligne : des amis qu’ils ne rencontreront peut-être jamais en personne. Il peut s’agir d’amis communs qu’ils ont ajoutés sur une plateforme telle que Snapchat, ou de personnes qui vivent sur un tout autre continent. Malheureusement, beaucoup de parents ne sont simplement pas au courant du nombre de relations que leur enfant entretient en ligne ni de la nature de ces relations.
Bien que de nombreux parents réussissent à sensibiliser leur enfant aux principaux risques liés àl’Internet, il existe encore d’énormes lacunes et des angles morts dont les parents n’ont pas conscience.
LES MÉDIAS SOCIAUX ONT AIDÉ À RAPPROCHER LES JEUNES QUI SE SENTAIENT SEULS. ILS ONT AUSSI CONTRIBUÉ À LAREPRÉSENTATION DE LA DIVERSITÉ CORPORELLE, ETHNIQUE ET DE GENRE.COMMENT LES ADOLESCENTS PEUVENT-ILS FAIRE LA PART DES CHOSES ENTRE LE POSITIF ET LE NÉGATIF?
Teresa : Je pense que les médias sociaux peuvent effectivement avoir un effet positif dans la vie des gens et qu’ils peuvent aider à ce que nous soyons mieux informés et conscientisés sur des sujets importants. Par exemple, les médias sociaux peuvent être un excellent moyen d’améliorerla représentation des personnes de toutes identités de genre ou de défendre des groupes qui méritent un traitement équitable, comme les communautés PANDC et 2SLGBTQQIA+. Cela dit, il est difficile de savoir quelle part de ce contenu positif est consommée par les jeunes.
Il peut aussi être utile qu’un adulte de confiance collabore avec un jeune pour l’aider à éviter certains sujets qui peuvent avoir un effet déclencheur ou perturbateur. Par exemple, si unadolescent ou une adolescente se remet d’un trouble alimentaire ou a des problèmes de santé mentale, il peut être pertinent d’avoir une conversation ouverte et sans jugement sur les pages ou les comptes qu’il ou elle devrait envisager de ne plus suivre sur les médias sociaux.
Il est également judicieux de faire preuve de curiosité lors d’une telle conversation et d’essayer d’amener le jeune à trouver ses propres solutions. Une idée peut être de rechercher activement des comptes qui partagent du contenu plus positif et de favoriser l’interaction avec ceux-ci. Malheureusement, les contenus négatifs qui véhiculent une image erronée sur plusieurs sujets, dont la santé mentale, abondent encore sur les médias sociaux.
De plus, les adolescents peuvent avoir beaucoup de difficulté à discerner les conseils et les contenus qui sont sains et légitimes de ceux qui ne le sont pas.
QUEL EFFET LE CLIMAT POLITIQUE MONDIAL ACTUEL A-T-IL SUR LA SANTÉ MENTALE DES JEUNES?
Teresa : Il m’est arrivé d’être véritablement admirative et impressionnée par rapport à toute laperspicacité, la nuance et l’engagement que les jeunes savent apporter aux grands mouvements de justice sociale. Personnellement, à certains moments, je me suis sentie vraiment motivée et pleine d’espoir parce que les jeunes générations réussissent à se faire entendre et sont bien informées sur des enjeux importants.
Toutefois, comme vous pouvez l’imaginer, l’envers de la médaille, c’est que l’accès à une telle quantité d’informations sur ce qu’il se passe dans le monde peut devenir très étouffant et avoir un effet négatif sur la santé mentale. Par exemple, pour un adolescent ou une adolescente qui explore sa propre identité de genre et qui ne sait pas trop comment s’y retrouver, avoir connaissance de climats politiques tendus relativement aux questions du genre et de la sexualité peut nuire considérablement à sa santé mentale. De la même façon, il est important de reconnaître les effets des traumatismes collectifs, qui peuvent être très préjudiciables pour les jeunes, compte tenu du stade où ils en sont dans leur développement.
DEPUIS DES DÉCENNIES, LA PRESSION EXERCÉE PAR LES PAIRS EST ÉVOQUÉECOMME L’UNE DES CAUSES DES PROBLÈMES DE SANTÉ MENTALE CHEZ LES JEUNES. POURTANT, NOUS NE SEMBLONS PAS AVOIR FAIT BEAUCOUP DE PROGRÈS LÀ-DESSUS.
Teresa : Il n’y a pas de solution simple à la pression des pairs, car les relations et les liens sociaux font partie de notre nature. Les humains sont des créatures sociales. Notre instinct de survie nous pousse à vouloir nous sentir inclus, valorisés, aimés, connectés et à rechercher l’appartenance au groupe.
Chez de nombreux adolescents et adolescentes, le besoin d’être en relation avec ses pairs et de se sentir accepté peut souvent l’emporter sur l’hésitation à adopter certains comportements, comme consommer de la drogue. Si son cercle d’amis est le seul endroit où un jeune se sent vraiment à sa place, ou perçoit qu’il peut éventuellement se sentir ainsi, il est compréhensible que ce jeune(ou n’importe quelle personne, en fait) cède à la pression de ses pairs. C’est inscrit dans nos gènes.
PENSEZ-VOUS QUE LES JEUNES 2SLGBTQQIA+ SONT ENCORE PLUS NOMBREUX À CHERCHER UNE COMMUNAUTÉ À LAQUELLE S’IDENTIFIER ET À LA TROUVER DANS LES BARS ET LES CLUBS?
Teresa : C’est une excellente question. Bien que je ne puisse pas vous répondre catégoriquementpar oui ou par non, j’imagine que c’est ce qui arrive à de nombreux jeunes. Parce que, comme nous en avons discuté, si une personne se sent marginalisée ou exclue de la société en général, il est difficile pour elle de trouver sa place et d’établir des liens avec les autres.
POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR LEPROGRAMME POUR ADOLESCENTS D’EHN CANADA ET SUR L’AIDE QU’IL PEUT APPORTER?
Teresa : À la lumière de ce que nous venons de discuter, il est évident que les jeunes et lesfamilles ont grand besoin de s’orienter dans ce qu’ils vivent. Le programme spécialiséd’EHN Canada offre aux adolescents et adolescentes le soutien, les conseils et les ressources dont ils ont besoin pour s’épanouir. Ce programme de six mois comprend également des séances de formation et de soutien pour les parents afin de les aider à créer un environnement sain et positif pour leur enfant. Et tout cela est offert en ligne.
POURQUOI EST-IL SI IMPORTANT DE TRAITER LES TROUBLES CONCOMITANTS?
Teresa : D’après mon expérience dans le milieu des services de santé mentale, les jeunes qui sont atteints de troubles concomitants passent souvent à travers les mailles du filet. Par exemple, si un adolescent souffre à la fois d’un trouble lié à l’usage de substances et d’un trouble alimentaire, il peut être dirigé vers un programme de traitement des troubles alimentaires. Toutefois, lors de son évaluation, on constatera qu’il consomme également des substances, ce qui est un critère d’exclusion courant. On demandera alors à l’adolescent de régler son problème de consommation avant de l’admettre au programme de traitement pour son trouble alimentaire. Souvent, la même situation se présentera si cet adolescent tente d’obtenir d’abord de l’aide pour sa consommation de substances.
Si on s’intéresse au comportement humain, on s’aperçoit qu’il s’agit en fait de symptômes différents pour des souffrances et des difficultés communes à tous les êtres humains. Je pense que le traitement que nous offrons est important pour aider à ce que moins d’adolescents et d’adolescentes tombent entre les mailles du filet.
VOUS AVEZ MENTIONNÉ QUE DU SOUTIEN EST OFFERT AUX JEUNES, MAIS AUSSI À LEUR FAMILLE.
Teresa : Oui, nous encourageons vraiment les parents et les proches à participer aux activités de soutien familial offertes dans notre programme. De nombreux parents ne savent pas quoi faire ou comment agir pour soutenir leur enfant, mais ils ont une réelle volonté d’apprendre.
Plus précisément, nous offrons des séances au début et à la fin du programme, ainsi que 12 heures de thérapie familiale centrée sur les émotions pour les parents. L’objectif est de permettre non seulement aux jeunes, mais aussi aux parents et aux proches de créer une communauté et de tisser des liens. Beaucoup de parents m’ont confié que le fait d’avoir un enfant qui vit des difficultés peut être une expérience extrêmement isolante. Ils ont l’impression de perdre leurs repères et se sentent impuissants. Or, les recherches ont démontré que lorsque la famille est impliquée, les résultats du traitement sont bien meilleurs.
LES JEUNES QUI PRENNENT PART AU PROGRAMME DEVRAIENT-ILS S’INQUIÉTER QUE TOUT CE QU’ILS DISENT PENDANT LE TRAITEMENT SOIT RAPPORTÉ À LEURS PARENTS?
Teresa : Non, absolument pas. En tant que professionnels de la santé agréés, nous devons respecter les lois sur la protection des renseignements médicaux, ce qui signifie que ce que les jeunes partagent avec nous doit rester confidentiel. Il existe toujours des exceptions et des limitesà la confidentialité en cas de danger imminent ou de risque à la sécurité, mais nos spécialistessavent très bien répondre aux questions que les jeunes peuvent se poser à ce sujet.
DONC, DES JEUNES QUI FONT FACE À DIFFÉRENTS PROBLÈMES, COMME UN TROUBLE ALIMENTAIRE, UN TRAUMATISME, UN TOC, UNE DÉPENDANCE OU UNE DÉPRESSION, VONT SUIVRE UNE THÉRAPIE DE GROUPE TOUS ENSEMBLE.
Teresa : Oui. Différentes raisons expliquent cette approche. Ces adolescents et adolescentes vivent des difficultés et souffrent. Ils ont besoin d’aide. Les comportements qu’ils adoptent sont seulement l’expression de leurs symptômes en surface. Réunir plusieurs jeunes qui traversent différentes difficultés peut être vraiment efficace pour les aider à ne pas sentir seuls, exclus ou marginalisés.
COMMENT LES PARENTS, LES ENSEIGNANTS ET LES PRESTATAIRES DE SOINS PEUVENT-ILS IDENTIFIER UN ADOLESCENT OU UNE ADOLESCENTE EN DIFFICULTÉ?
Teresa : C’est une excellente question. Il existe plusieurs signes auxquels les parents, les enseignants et les professionnels de la santé peuvent porter attention pour remarquer ou déceler un jeune en difficulté. Un changement assez important dans l’humeur de l’adolescent, par exemple s’il est beaucoup plus agité qu’à l’habitude, ou s’il se sent triste, détaché et qu’il s’isole, est généralement le signe que quelque chose ne va pas. Une baisse dans les résultats scolaires peut aussi être l’indice qu’un jeune vit des difficultés.
Vous pourriez remarquer qu’un adolescent ou une adolescente émet de plus en plus de commentaires par rapport à son corps ou à son apparence, ou qu’il tient des propos dégradants à l’égard de sa propre personne. Il peut être utile de porter attention à toute perte ou prise de poids rapide ainsi qu’à tout changement dans la quantité ou le type d’aliments consommés.
Nous voyons aussi de plus en plus de parents qui, par prévention, proposent à leur enfant de consulter un thérapeute ou de s’inscrire à un groupe de soutien. Le jeune ne vit peut-être pas une détresse intense, mais il est très utile qu’il ait accès à une personne de confiance ou à un thérapeute avant que la situation ne s’aggrave. Avoir déjà établi cette relation et avoir acquis des compétences pertinentes peut être bénéfique sur le plan préventif.
APPRENEZ-EN PLUS SUR LES PROGRAMMES OFFERTS À LA CLINIQUE NOUVEAU DÉPART
Le programme pour adolescents d’EHN Canada s’adresse aux jeunes de 14 à 17 ans souffrant de symptômes d’anxiété et de dépression allant de légers à modérés. Ce programme virtuel offre aux adolescents et adolescentes les conseils, les ressources et le soutien dont ils ont besoin pour s’épanouir. D’une durée de six mois, le programme comprend également des rencontresd’information et de soutien pour les parents, afin de les aider à favoriser un environnement sain et positif pour leur enfant.
Animé par des thérapeutes qualifiés, ce programme comprend :
- Des rencontres d’information pour la famille au début et à la fin du programme;
- Un groupe de développement des compétences (TCD ou TCC) et une thérapie individuelle pour les jeunes pendant huit semaines;
- Douze heures de thérapie familiale centrée sur les émotions pour les parents;
- Une évaluation régulière des résultats;
- Des soins médicaux à distance avec un infirmier praticien ou une infirmière praticienne advenant un traitement pharmacologique;
- La participation à un groupe de suivi hebdomadaire pendant quatre mois, pour renforcer les compétences et avoir le soutien des pairs;
- L’accès à l’application iCBT pour la mise en pratique des compétences pendant toute la durée du programme.
VOUS-MÊME OU UN PROCHE LUTTEZ CONTRE UNE DÉPENDANCE OU UN TROUBLE DE SANTÉ MENTALE?
Communiquez avec nous au 1-888-488-2611 pour en apprendre plus sur nos options de traitement.
Teresa Bansen, MTS, TSI, est directrice de la qualité et de l’expérience patient à la clinique Bellwood d’EHN Canada, située à Toronto, en Ontario.