Le cannabis et la conduite de véhicule à moteur

Écrit par Sylvie André, infirmière spécialisée en dépendances.
Combien de fois ai-je entendu, au cours de ma pratique: « Lorsque je fume du cannabis, je me sens beaucoup plus concentré sur ce que je fais… Je peux, sans l’ombre d’un doute, conduire ma voiture sans que mes réflexes n’en soient affectés… Ce n’est pas comme l’alcool. »
Le cannabis, on le sait, est classé dans la catégorie des perturbateurs du système nerveux central dont l’effet principal est la modification des perceptions sensorielles.
Or, dans les faits, le cannabis modifie les perspectives, diminue l’attention et la concentration, ralentit les réflexes, réduit la force musculaire et la dextérité, ralentit le temps de réaction et occasionne des troubles de la coordination. L’intoxication au cannabis perturbe l’intellect et affecte la mémoire à court terme.
Ces effets risquent de nuire à la capacité de conduire un véhicule moteur prudemment.
En dépit de sa réputation de bénignité et selon des études relativement récentes (Bates et Blakely en 1999; Ward et Dye en 1999, de Longo et coll. en 2000 ), les effets constatées sur la route ou avec un simulateur, démontrent un affaiblissement des mécanismes d’attention, un allongement de temps de décision, un amoindrissement de la capacité de maintien de la trajectoire et un ralentissement des réponses en situation d’urgence. Ces effets peuvent persister de 5 à 12 heures après la prise de cannabis.
De même, des tests de simulation de vol révèlent une diminution significative de la performance des pilotes après avoir fumé aussi peu qu’une cigarette de marijuana. Aussi, relève-t-on que la plupart de ceux-ci ne s’aperçoivent pas de la diminution de leurs capacités (Yesavage et Morrow, 1991; Gurley, Aranow et Katz, 1998).
Par ailleurs, il faut préciser que, faute d’études rigoureuses et fiables, il est actuellement, tout de même, difficile d’établir avec certitude un lien entre la consommation de cannabis et les accidents de la route. Cependant, les données recueillies jusqu’à maintenant permettent de préjuger d’une dangerosité routière liée à l’usage du cannabis.
Références
Ben Amar, Mohamed; Léonard, Louis; Les psychotropes, pharmacologie et toxicomanie: Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 2002, 894 pages.