Le cannabis et le syndrome amotivationnel
Par Sylvie André, infirmière de liaison, spécialisée en dependances
Les psychotropes que l’on consomme, agissent directement sur le cerveau en modifiant le comportement, les humeurs, les perceptions et l’activité mentale des utilisateurs. On les nomme également: “substances psychoactives”.
On les regroupe en 5 catégories:
- Les dépresseurs du système nerveux central qui ralentissent les fonctions psychiques d’un individu en diminuant le niveau d’éveil et l’activité générale du cerveau. On y retrouve, dans cette catégorie: l’alcool, les barbituriques, les benzodiazépines, les opiacés, le GHB et les solvants;
- Les stimulants du système nerveux central qui stimulent les fonctions psychiques d’un individu. Elles augmentent le niveau d’éveil et l’activité générale du cerveau. Les stimulants accélèrent le processus mental. Le consommateur est alors plus alerte et plus énergique. Les stimulants majeurs sont: les amphétamines et la cocaïne. Les stimulants mineurs sont: le café et le tabac.
- Les perturbateurs du système nerveux central, appelées anciennement, hallucinogènes, perturbent les fonctions psychiques d’un individu. Ils provoquent des altérations plus ou moins marquées du fonctionnement cérébral, de la perception, de l’humeur et des processus cognitifs. Ils comprennent: le cannabis et ses dérivés (marijuana, haschich, etc.) et les hallucinogènes (LSD, MDMA ou ecstasy, PCP, etc.);
- Les médicaments psychothérapeutiques qui comprennent les antipsychotiques ; les antidépresseurs et les stabilisateurs de l’humeur;
- Les androgènes et stéroïdes anabolisants.
Or, une croyance populaire désigne le cannabis comme un dépresseur du système nerveux central. Ce qui n’est guère exact.
Pour quelle raison? Essentiellement, car les dépresseurs du système nerveux central ( comme l’alcool mentionné-ci haut ou les opiacés par exemple) agissent dans le cerveau en diminuant la fréquence et l’amplitude respiratoire. Les échanges gazeux étant modifiés, on note un moins grand apport en oxygène de l’organisme et une accumulation, dans le sang, du CO2. Ultimement, ce que l’on appellee donc, la dépression respiratoire, peut causer la mort.
Ainsi, par exemple, un individu consommant une grande quantité d’alcool en peu de temps – ce que l’on appelle communément, le calage d’alcool – peut présenter des signes de dépression respiratoire nécessitant une attention immédiate et constante jusqu’au retour à la normale de la fonction respiratoire.
Le cannabis, même pris en très grande quantité, ne représente pas cette menace sur le systeme nerveux central. Comme mentionné ci-haut, il perturbe les fonctions cérébrales mais ne ralentissent pas les fonctions respiratoires.
Par ailleurs, la consommation de cannabis entraîne comme effet secondaire ce que l’on apelle, le syndrome Amotivationnel. Le A du terme “ Amotivationnel” significant “Absence de ». Le syndrome Amotivationnel se manifeste donc par une apathie généralisée, un manque d’attention, une perte de productivité et un manque de persévérance.
Chez l’adolescent ou le jeune adulte, on remarque alors que, lors d’un choix à prendre, il se manifestera vers celui du “moindre effort”. Chez l’adulte, on fait état d’une “diminution de l’implication au travail”.
Dans tous les cas, dans le cadre d’un traitement thérapeutique de la problématique de consommation de substances psychoactives ( dans le présent cas, de celui de la consommation de cannabis ) une approche bio-psycho-sociale peut se révéler nécessaire voir même indispensable dans la recherche de solutions aux conséquences de celles-ci dans les différentes sphères de la vie d’une personne quelles soient de nature physique, psychologique, familliale, relationnelle ou autres.
Références
Ben Amar; Leonard Louis: Psychotropes:pharmacologie/toxicomanie; Les Presses de l’Université de Montréal; mai 2011; 919 pages;
Cook, J.S.; Fontaine K.L.: Soins infirmiers: psychiatrie et santé mentale; E.R.P.I.; Montréal; 787 pages;
Groupe Cormorbidite psychiatriques et Dimensions, Chanut, Florence: Dimensions et abus de substances: comment mieux évaluer et traiter les dimensions cognitive, anxieuse et liée à une substance.
Tortora, G. J.; Anagnostakos, N.P.: Principes d’anatomie et de physiologie; Edition revue et Corrigée; Centre educatif et culturel inc.; Montréal; 888 pages.