Conseils pour planifier son retour au travail après le traitement d’une dépendance
Gérer ses responsabilités professionnelles sans compromettre son rétablissement peut sembler complexe. Si vous planifiez votre retour au travail après avoir terminé un programme de traitement des dépendances en établissement, vous avez probablement plusieurs interrogations.
- Dois-je aviser mon patron ou ma patronne que j’ai suivi une cure de désintoxication ?
- Que dois-je répondre à mes collègues qui veulent savoir où j’étais pendant les derniers mois?
- Comment vais-je accomplir mes responsabilités professionnelles tout en maintenant mon rétablissement?
Ces questions sont tout à fait légitimes. Avec le temps, vous gagnerez en expérience et serez plus apte à gérer ce genre de défis.
Au début de votre rétablissement, il est essentiel de bien planifier votre routine quotidienne, car avoir beaucoup de temps libre peut mener à l’ennui, et l’ennui est une pente glissante vers la rechute. Avec une bonne planification, vous serez en mesure de répondre aux questions inattendues et d’éviter certaines situations qui pourraient nuire à votre réadaptation.
Nous nous sommes entretenus avec David Paul, intervenant en dépendance au centre de désintoxication Bellwood Health Services, qui collabore étroitement avec des individus et des employeurs qui ont sollicité les services du centre. Depuis de nombreuses années, David Paul accompagne les personnes qui planifient un retour au travail et à la vie quotidienne après un traitement.
En parler ou non à son employeur?
Si votre employeur n’était pas impliqué dès le début dans votre rétablissement et que vous retournez au travail, vous vous demandez peut-être si vous devez aborder le sujet avec lui. « Vous n’avez aucune obligation de lui en parler, explique David Paul. Selon la loi, toute personne a le droit de s’absenter pour un congé de maladie sans en divulguer la raison. Toutefois, vous pourriez vouloir en discuter avec votre responsable des ressources humaines, au cas où vous auriez besoin d’un soutien supplémentaire pour votre rétablissement. Par exemple, vous pourriez avoir des rencontres de suivi ou des séances de thérapie. Évidemment, vos discussions avec les ressources humaines devraient rester confidentielles. Somme toute, l’honnêteté demeure la meilleure politique. »
Les relations avec les collègues
Jusqu’à présent, vous avez eu à couper les ponts avec certaines personnes de votre entourage qui nourrissaient votre dépendance. Une décision difficile, mais nécessaire. Vous aurez aussi des choix à faire quant aux collègues avec qui vous passez du temps et quant aux moyens de maintenir votre professionnalisme au travail.
« Tout le monde a besoin d’équilibre dans sa vie, souligne David Paul. Il est important de se concentrer sur ses tâches et de bien choisir les personnes que l’on fréquente au travail. Si d’autres collègues ont des problèmes de dépendance, il est préférable de les éviter et de maintenir une relation strictement professionnelle avec ces personnes. »
Cela ne signifie pas pour autant que vous ne pouvez pas entretenir de relations saines avec vos collègues. Vous pourriez, par exemple, rencontrer des collègues qui sont aussi en rétablissement d’une dépendance. « Si une autre personne à votre travail suit un processus de réadaptation, vous pourriez vouloir discuter avec elle, puisqu’elle comprendra ce que vous vivez et ce que vous tentez d’accomplir », précise David Paul.
Préparer son retour au travail
L’une des premières choses à faire pour vous aider à planifier votre retour au travail est de fixer un rendez-vous avec les services professionnels du programme d’aide au personnel (PAP) possiblement offert par votre employeur ainsi qu’avec le centre de désintoxication où vous avez suivi votre traitement. Selon l’organisme National Business Group on Health, les employeurs ont un rôle important à jouer afin de lutter contre la stigmatisation sur le lieu de travail et d’aider les membres du personnel à comprendre qu’ils peuvent obtenir du soutien sans mettre leur carrière en péril. De plus, malgré leurs bonnes intentions, il est important que les employeurs respectent le droit à la vie privée des membres de leur personnel aux prises avec un problème de dépendance, même s’ils ne connaissent pas toujours leur identité.
« Vous devriez préparer un plan de retour au travail, explique David Paul. Celui-ci pourrait inclure un retour progressif au travail, où vous commencez par des semaines de trois ou quatre jours avant de revenir à votre horaire habituel. Vous pourriez aussi avoir à changer vos quarts de travail. Par exemple, il pourrait être préférable que vous ne fassiez pas de quarts de soir ou de nuit. Votre employeur pourrait aussi avoir d’autres solutions à vous proposer. Habituellement, les employeurs sont accommodants, puisqu’ils souhaitent que vous repreniez le travail de façon sécuritaire et dans des conditions propices à votre rétablissement. »
Communiquer avec le service des ressources humaines ou le service de santé et sécurité au travail vous aidera à rester bien au fur et à mesure que vous reprenez vos responsabilités professionnelles. « Vous pourriez prévoir un appel téléphonique ou une rencontre en personne avec les ressources humaines ou avec l’infirmier ou l’infirmière de l’entreprise afin de discuter de votre retour au travail et des mesures dont vous pourriez avoir besoin pour reprendre le travail en toute sécurité. Allez-y une étape à la fois », conseille David Paul.
Comment expliquer son absence?
Vos collègues ne savaient pas trop où vous étiez, et votre retour au bureau pourrait les surprendre. Plusieurs vous demanderont carrément la raison de votre absence. Il existe de bonnes façons de gérer ce genre de situations. David Paul offre quelques conseils : « Gardez la tête haute, essayez de répondre avec confiance, et tenez-vous-en toujours à la même histoire afin que ce soit cohérent. J’ai dû partir pour des raisons de santé et je vais mieux maintenant. C’est tout. »
« Il y aura probablement des rumeurs, ajoute David Paul. Rappelez-vous que ce ne sont que des rumeurs et n’y prêtez pas attention. Ignorez-les simplement. Vous n’êtes sans doute pas la seule personne de l’entreprise à avoir eu un problème de dépendance. N’embarquez pas dans ces histoires et n’alimentez pas les discussions au sujet de votre absence. »
5 conseils pour les activités de bureau
Selon David Paul, au début de votre rétablissement, il est préférable de ne pas participer aux événements où de l’alcool sera servi. Au fur et à mesure que vous progressez dans votre réadaptation, vous pourrez peut-être prendre part à certaines activités. Vous demeurez la meilleure personne pour en juger. Vous devez faire ce qui vous semble le mieux pour rester sobre.
- Si votre employeur ou le personnel infirmier est au courant de votre situation, expliquez-leur qu’il pourrait être difficile pour vous d’assister à un événement où l’on sert de l’alcool. Demandez poliment à ne pas participer à cette activité.
- Vous pouvez peut-être vous faire accompagner d’un ou d’une camarade à l’activité. Restez pour le repas, puis partez avant que la fête ne commence.
- Vous pouvez contacter une personne de soutien, comme votre intervenant ou votre intervenante, à quelques reprises pendant la soirée.
- Partez tôt, prenez des pauses, allez dehors et restez à l’écoute de votre ressenti.
- Si vous devez dormir à l’hôtel pour un voyage d’affaires, demandez que le minibar soit fermé à clé ou vidé avant votre arrivée.
Les choses s’améliorent
Au début, vous aurez beaucoup de changements à faire pour travailler pendant votre rétablissement, et cela pourra vous paraître difficile. Néanmoins, les décisions de ce genre sont essentielles pour vous assurer de rester sur la bonne voie. David Paul nous donne quelques conseils :
- Ne prenez aucune décision importante pendant la première année de votre rétablissement, comme quitter votre emploi ou vendre votre maison et déménager, à moins que vous ne deviez vraiment le faire pour des raisons légitimes.
- Vous avez le droit de conserver l’anonymat, mais vous êtes responsable de prendre en charge votre rétablissement.
- Après quelques mois de sobriété, vous commencerez à y voir plus clair quant à votre passé et à la meilleure façon de mener votre nouvelle vie sans avoir à consommer de substances psychotropes.
- Laissez vos anciens comportements derrière vous et montrez la nouvelle personne que vous êtes.
Vous voulez nous parler concernant nos options de traitement et de soutien?
Appelez-nous au 1 866 834-1985 si vous avez besoin d’aide pour retourner au travail ou si vous êtes un employeur qui a besoin d’aide avec un employé ou une employée.