Dépendance et profession, mythes et réalités
« On le sait, tous ceux qui travaillent là-dedans consomment… »
« Il a des problèmes de dépendances? C’est certain, avec sa job c’est presque garanti… »
Ce sont des phrases que l’on entend régulièrement et, à tort ou à raison, plusieurs professions sont montrées du doigt. Mais qu’en est-il réellement? Y a-t-il vraiment des professions plus susceptibles de créer des conditions favorables à la dépendance?
Il faut d’abord séparer les différentes portes d’entrée à la dépendance en milieu professionnel en trois types :
- Dépendance et culture de loisirs
- Dépendance et performances
- Dépendance à cause d’effets collatéraux
Certaines professions semblent plus susceptibles que d’autres à offrir un milieu de consommation de certaines substances pouvant mener à la dépendance. Brossons un portrait de la situation.
Dépendance et culture de loisirs
Certaines professions ont une composante sociale très forte qui se traduit par une série d’évènements, de fêtes et de galas qui sont propices à la consommation. On ne parle pas ici d’un simple 5 à 7 entre collègues, mais d’une culture festive qui prend une place importante dans le milieu.
Ce sont des professions souvent associées à des domaines artistiques, au monde des communications ou à celui des bars et des clubs, où une certaine excentricité est de mise. Comme certaines personnes issues de ces milieux se retrouvent souvent sous le feu des projecteurs, ces excès ou problèmes de dépendances sont mis de l’avant dans les médias, renforçant l’idée de milieux où les abus sont monnaie courante. En effet, une vedette de cinéma qui commence un traitement pour vaincre la dépendance ou qui meurt de surdose sera plus médiatisée que quelqu’un inconnu du grand public qui souffre anonymement.
Dans la plupart des cas de dépendance dans ces milieux, on parle d’alcool ou de drogues « récréatives » qui visent à exacerber le plaisir de la fête.
Dépendance et performance
Certains emplois ou carrières sont ancrés dans une culture de la performance. Que cette performance soit physique ou intellectuelle, on vise un dépassement et un niveau d’excellence constant, parfois au mépris de la santé ou de la sécurité.
On peut très bien imaginer le stress et les défis associés à des carrières juridiques ou financières de haut niveau. Ce sont des postes où les enjeux sont très élevés et dont les résultats peuvent avoir de grands impacts financiers ou humains. L’envie de recourir à diverses substances pour soit avoir l’impression d’une concentration accrue, soit pour alléger le stress, peut être tentante pour certaines personnes. Il faut noter que ce besoin de performer est aussi présent au niveau académique où certains étudiants peuvent recourir à divers stimulants pour accroître leur concentration. D’une consommation occasionnelle, il est facile de perdre le contrôle et de créer une dépendance, surtout lorsque le milieu valorise une éthique de travail presque surhumaine.
Des carrières plus « physiques » peuvent aussi être propices à la consommation. C’est particulièrement vrai lorsqu’un effort soutenu est demandé ou lorsque des quarts de travail sont cumulés sans repos. On peut penser à des travailleurs soumis à des délais serrés sur des chantiers par exemple. Au fil des années, plusieurs cas ont été mis de l’avant et certaines professions se sont mieux réglementées pour aider leurs membres souffrant de problèmes de consommation et de dépendance.
Chez certains sportifs de haut niveau, l’envie d’augmenter ses performances à l’aide de produits comme les stéroïdes androgènes anabolisants peut être une solution tentante. Après tout, leur carrière et leur train de vie sont intimement liés à leur niveau d’excellence et certains peuvent vouloir trouver des raccourcis ou des trucs pour les avantager. Ces stéroïdes sont des dérivés synthétiques de la testostérone et environ 30 % des usagers développent une dépendance.
Le grand problème de la consommation de produits visant à augmenter, ou à donner l’impression d’augmenter, la performance est qu’ils créent rapidement un cercle vicieux par un besoin continuel de se dépasser. D’une consommation occasionnelle à la dépendance, il n’y a qu’un pas qui est vite franchit.
Dépendance à cause d’effets collatéraux
On parle ici de dépendance à la suite d’un évènement relié à un emploi, et pas à l’emploi en lui-même. Cette catégorie regroupe plusieurs causes, comme la dépendance aux antidouleurs après une blessure encourue dans le cadre d’une activité professionnelle, que ce soit un accident aussi banal qu’une blessure au dos dans un entrepôt ou quelque chose de plus dramatique, comme un policier ou un militaire blessé par balle, ou un pompier brûlé lors d’une intervention. On sait que les antidouleurs doivent être utilisés selon la posologie et avec une certaine supervision, mais que l’abus peut rapidement créer des problèmes de dépendance.
Il n’y a pas que les causes physiques qui peuvent avoir des effets collatéraux menant à des problèmes de consommation. Des expériences vécues dans le cadre d’une activité professionnelle peuvent avoir des retombées psychologiques importantes. On peut penser au syndrome de stress post-traumatique (SSPT) qui peut affecter des militaires ayant été en zone de conflit, des policiers, des paramédicaux ou des pompiers exposés à des situations extrêmes et bien d’autres. Les gens affectés par le SSPT peuvent avoir recours à différentes substances pour oublier les évènements traumatiques ou en atténuer les effets, et nous en avons largement parlé dans d’autres blogues.
En conclusion, on constate que les problèmes de dépendance ne sont pas l’apanage d’une profession ou d’un type d’emploi. Chaque profession peut avoir des situations, des circonstances ou des causes collatérales qui ouvrent la porte à la consommation et qui pourra mener à la dépendance. Les mythes et les préjugés sont là pour rester, mais il ne faut pas généraliser!
L’équipe de la Clinique Nouveau Départ connaît bien les causes qui peuvent mener à la consommation et à la dépendance, quel que soit le milieu professionnel. N’hésitez pas à nous contacter, nous discuterons avec vous de la meilleure approche, sans jugement.