Dépression saisonnière et dépendance

Au Québec, s’il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord, c’est que nous allons collectivement nous plaindre du manque de lumière et du froid pendant les mois d’hiver! Bien que nous sachions tous que le beau temps reviendra, une partie de la population est plus affectée que les autres par cette réalité et souffre de dépression saisonnière.
Malheureusement, une personne souffrant de dépression saisonnière et d’un problème de dépendance se retrouvera facilement dans un état d’esprit précaire qui la mettra, ainsi que son entourage, dans une position difficile.
Comprenons d’abord ce qu’est la dépression saisonnière, ses effets et la manière de la gérer. Par la suite, nous verrons ensemble son impact sur la dépendance et comment le cumul de ces deux situations amplifie le problème.
Comme son nom l’indique, la dépression saisonnière est un type de dépression provoquée par les changements de saison qui touche environ 5% de la population et peut, dans certaines régions, monter jusqu’à 10% (ce chiffre est bien évidemment revu à baisse dans les pays ayant des hivers plus ensoleillés et plus cléments). Elle affecte les femmes quatre fois plus que les hommes. Elle ne se cantonne pas uniquement à la période la plus sombre, mais apparaît généralement dès le début de l’automne et continue jusqu’au printemps. On peut parler de dépression saisonnière chronique lorsqu’elle se produit au moins deux années de suite. Ses symptômes sont assez similaires à ceux de la dépression classique : une tristesse qui ne semble pas changer, humeur dépressive, un manque d’intérêt marqué pour les activités du quotidien, des problèmes de sommeil récurrents et une fatigue présente dès le réveil, en plus d’une certaine irritabilité. Elle peut causer aussi des pertes ou des gains de poids.
Les causes précises de la dépression saisonnière ne sont pas connues, mais les spécialistes s’accordent pour dire que la diminution du temps d’exposition à la lumière ainsi que son intensité jouent probablement un rôle crucial. Une carence en vitamine D, produite dans le corps lorsque la peau est exposée au soleil, est aussi mise de l’avant. Il a plusieurs choses qui peuvent aider à mieux gérer la situation. La luminothérapie est la méthode la plus souvent utilisée. On peut le faire dans des cabines spéciales, mais les lampes de luminothérapies disponibles dans le commerce ont un effet bénéfique non négligeable sur la production de sérotonine et de mélatonine. Des activités extérieures (bien habillé!) et une bonne alimentation aident aussi à atténuer les symptômes.
La nature humaine étant ainsi faite, on a tendance à chercher des solutions simples à des problèmes complexes et la consommation d’alcool ou de certaines drogues pour « faire passer la pilule » lors des moments difficiles d’une dépression saisonnière en fait partie. C’est à ce moment que quelqu’un souffrant de dépendance verra sa consommation exacerbée en réponse à la situation. On sait que malheureusement toutes les excuses sont bonnes quand il s’agit de consommer, et c’est une situation difficile à gérer lorsque la personne est confrontée à des éléments déclencheurs. Mais que faire quand l’élément déclencheur est présent du réveil jusqu’au coucher?
Les substances consommées visent en général deux buts bien précis, mais distincts, en ce qui concerne la dépression saisonnière. Il y a la consommation visant à atténuer la souffrance de la dépression avec des drogues comme les opioïdes, ou l’alcool. On vise à s’engourdir, à penser à autre chose. Cette approche a un effet pernicieux : bien qu’elle semble être efficace sur le moment, elle ne fait que renforcer la dépression à moyen ou long terme. Il a aussi la consommation de stimulants pour contrer la baisse d’énergie et le manque de sommeil (en particulier, les amphétamines, les méthamphétamines et la cocaïne). Mais comme on sait que la consommation de stimulant nuit grandement au repos, la personne utilisera probablement des opioïdes ou de l’alcool plus tard dans la journée pour « redescendre » et tenter de dormir. Bref, plein de « fausses bonnes idées » qui ne font qu’aggraver le problème.
En fin de compte, ce sont deux situations qu’il faut savoir gérer : la dépression ET la dépendance. Notre équipe à la Clinique Nouveau Départ de Montréal est là pour aider les gens à découvrir les causes et mettre au point un traitement pour la dépendance. En travaillant ensemble, il est possible de s’en sortir et de voir que le soleil recommence à briller.