Montréal et la crise des opioïdes
Depuis quelque temps, Montréal fait face à un problème récent ici, mais malheureusement trop commun dans certaines régions du Canada: une recrudescence des surdoses et des morts dû aux opioïdes.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un opioïde?
Les opioïdes sont un vaste groupe de médicaments antidouleur qui interagissent avec les récepteurs opioïdes de vos cellules. À l’état naturel, ils proviennent du pavot à opium et agissent directement dans le cerveau pour produire une gamme d’effets précis.
Les opioïdes peuvent ainsi donc être des médicaments sur ordonnance, souvent appelés analgésiques, ou des drogues de rue, comme l’héroïne.
Lorsqu’ils sont sous ordonnances, ils sont le plus souvent associés à des médicaments tels que l’OxyContin ou le Vicodin. Il existe aussi un dérivé synthétique, le Fentanyl, qui est 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. Un autre dérivé, le métonitazène, fait aussi son apparition à Montréal et est une cause d’inquiétude autant pour les différents corps policiers que pour les professionnels de la santé.
Les opioïdes sur ordonnance sont utilisés pour bloquer les signaux de douleur entre le cerveau et le corps en se fixant sur les récepteurs opioïdes, et sont généralement prescrits pour traiter les douleurs modérées à sévères. En plus de contrôler la douleur, les opioïdes peuvent donner à certaines personnes une sensation de détente, de bonheur ou de « high », et peuvent facilement créer une dépendance.
On a parfois tendance à confondre les opioïdes et les benzodiazépines (comme le Xanax) puisqu’ils peuvent avoir certains effets similaires, mais les opioïdes sont prescrits pour des douleurs physiques alors que les benzodiazépines sont prescrites pour aider à traiter les troubles liés à l’anxiété tels que le trouble d’anxiété générale, le trouble panique, etc.
Quels sont les effets des opioïdes?
D’une manière simplifiée, les opioïdes agissent en se liant aux signaux envoyés par la source de la douleur au cerveau, trompant ainsi le cerveau pour qu’il l’ignore. Ils n’enlèvent donc pas la douleur (ni la cause bien évidemment), mais font croire au cerveau qu’elle n’existe pas. Après une intervention chirurgicale ou à cause de problèmes de santé ou de maladie, on peut devoir faire face à un niveau modéré ou élevé de douleur. Les analgésiques peuvent vous aider à mieux fonctionner et à gérer l’intensité de la douleur que vous ressentez, mais ils ne l’élimineront pas entièrement. Il peut être tentant de vouloir dépasser la dose prescrite pour se débarrasser entièrement de la douleur, ce qui est totalement contre-indiqué et peut mener à une dépendance.
Les opioïdes utilisés de manière récréative.
À cause de la sensation d’euphorie (de « high ») qu’ils provoquent, les opioïdes se sont taillé une place de choix dans les drogues récréatives. Plusieurs types sont disponibles dans la rue, soit sous leurs formes originelles, soit des contrefaçons, ou bien encore mélangées avec d’autres produits. Certaines variantes que l’on retrouve dans la rue sont particulièrement dangereuses, comme le Fentanyl ou le Carfentanil. Ce sont souvent ces deux produits qui sont en cause lorsqu’une tragédie découle de la consommation d’opioïdes.
Fentanyl et Carfentanil
Ces deux drogues sont particulièrement difficiles à détecter. N’ayant pas de goût ou d’odeur spécifique, elles sont facilement ajoutées à d’autres drogues, et il se peut même que le vendeur n’en connaisse pas la présence. Puisqu’elles sont beaucoup plus puissantes que les opioïdes classiques, un consommateur non averti pourra utiliser une dose qu’il s’imagine sécuritaire, mais subir un effet décuplé et extrêmement dangereux. Imaginez appuyer à fond sur l’accélérateur d’une voiture de Formule 1 alors que vous pensiez être à bord de la vieille voiture de vos grands-parents.
La situation à Montréal
Le nombre de de surdoses et de morts liés aux opioïdes a pratiquement doublé depuis 2019 en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario. À Montréal, c’est une augmentation de 50% des cas qui a été constatée, et cette statistique semble toujours être en progression. Il est important de noter que dans plus de 80% des décès, le fentanyl est directement en cause. Une des théories tentant d’expliquer le phénomène est que la pandémie a affecté les réseaux de distribution de drogues illégales habituels et a forcé les revendeurs à trouver des produits alternatifs de remplacements rapidement, et fait de manière de plus en plus artisanale.
Avec l’été et la pandémie qui semble prendre du recul, il sera important de suivre l’évolution de la crise des opioïdes puisque ce sont des facteurs qui influencent la consommation. En effet, la majorité des surdoses estivales sont attribuables à d’autres drogues, telles que le crack, la cocaïne ou la méthamphétamine.
Les traitements
Différents types de traitements peuvent être employés pour se sortir de la dépendance aux opioïdes. La plupart des traitements comportent tout d’abord une période de sevrage, en général avec un produit de substitution tel que la méthadone ou la buprénorphine. Cette période permet de contrôler les symptômes qui apparaissent lorsque l’on cesse plus ou moins rapidement la consommation d’opioïdes. Selon la méthode utilisée, la durée du sevrage peut varier (par exemple, un traitement à la méthadone peut durer jusqu’à deux mois). En parallèle, une approche psychologique avec un thérapeute spécialisé sera nécessaire pour comprendre la nature de la dépendance. Elle sera différente si cette dépendance est apparue suite à la consommation d’opioïdes à des fins médicales ou à des fins récréatives.
À la Clinique Nouveau Départ, nous adaptons les niveaux de soins aux conditions spécifiques du patient. Grâce à notre approche médicale, nous pouvons utiliser des médicaments en complément d’une psychothérapie pour le traitement des personnes ayant des problèmes de dépendance, dans les cas de sevrage aigu ainsi que pendant la période post-sevrage (sevrage prolongé ou phase de maintien).
N’hésitez pas à nous contacter si vous ou l’un de vos proches a besoin d’aide.