Retour en milieu de travail et dépendance
Malgré les hauts et les bas des cas de Covid, il semble qu’il y ait une volonté chez plusieurs personnes d’un retour progressif des employés sur les lieux de travail. On ne parle pas ici des commerces ou de restaurants qui eux ne peuvent pas travailler à distance, mais des entreprises qui ont leurs bureaux dans les tours au centre-ville de Montréal et d’autres villes du Québec. Ce retour est très attendu par certains, pas vraiment désiré par d’autres, mais il nous forcera à nous réadapter à un milieu de travail plus conventionnel que nous avions délaissé depuis un an et demi.
Ce retour aura non seulement un effet direct sur la gestion des entreprises, mais un impact marqué sur la vie des employés. Or pour une personne ayant des problèmes de dépendance, chaque changement majeur peut avoir des effets directs et néfastes.
Voyons ensemble les différentes manières dont ce retour en milieu de travail peut impacter la consommation de drogues, de médicaments ou d’alcool.
On retourne au bureau : yé!
En plus d’un retour à un environnement familier, ce sont aussi les conversations autour de la machine à café, les lunchs entre collègues, et surtout les 5 à 7 pendant lesquels il est si agréable de prendre un verre en socialisant avec les collègues qui réapparaissent dans nos vies. Et après un an et demi loin les uns des autres, il y a de bonnes chances que les 5 à7 soient plus fréquents, s’étirent en soirée et que le nombre de consommations soit un peu plus élevé. Nous sommes face à une situation où le plaisir de se retrouver peut facilement devenir un moment déclencheur pour une consommation abusive. Pour quelqu’un qui est en situation de dépendance, il est très difficile de résister à de telles occasions, surtout si le cadre joyeux des retrouvailles donne une impression d’encouragement sans conséquence.
Nous avions parlé lors d’un blogue précédent de la culture de la fête propre à certaines entreprises ou professions. Cette culture a un peu été mise à l’écart pendant la période de travail à distance, mais elle est maintenant de retour (et parfois plus forte pour rattraper le temps perdu). Les bars et les clubs sont de nouveaux ouverts, autant d’endroits propices à la consommation. Et puisqu’on parle de profession où l’excès semble parfois être la norme, on imagine facilement l’impact d’une telle situation sur une personne avec un problème de dépendance.
Il y a un retour des voyages d’affaires et des congrès, souvent à l’étranger, qui donnent à certains l’impression d’êtres pratiquement en mini vacances. Ils se sentent dédouanés des actions posées loin de la maison où de leur travail, baissent la garde et sont plus susceptibles à une consommation inhabituelle. Encore une fois, pour quelqu’un avec un problème de dépendance, ce sont des occasions en or pour les abus.
On retourne au bureau : zut
Après un an et demi à travailler à distance, plusieurs personnes se rendent compte que cette manière de travailler leur convient mieux et le retour en milieu de travail traditionnel est perçu comme une corvée, un retour en arrière.
Plusieurs éléments peuvent rendre ce retour difficile, en voici quelques exemples.
Même si on s’ennuyait des collègues et de l’énergie du bureau, personne ne s’ennuyait du trafic le matin, des bouchons sur l’autoroute, de l’autobus en retard ou du métro qui passe trois fois avant qu’on arrive à s’y faufiler. Et c’est à recommencer à 5h, avec la course pour récupérer les enfants et préparer le souper. C’est facile d’avoir envie de prendre un verre ou deux pour déstresser de ces journées marathons, surtout quand on a passé tellement de temps à sauver parfois des heures chaque jour, ce qui nous facilitait la vie. Cette nouvelle « ancienne routine » peut vraiment être difficile. Si ces quelques verres deviennent la norme, on peut voir se profiler les dangers de la dépendance.
Qui dit milieu de travail, dit interaction entre collègues et relations interpersonnelles. Dans un monde idéal, tout se passe bien dans une ambiance favorisant les échanges et le développement de chacun. Mais on sait bien que les sources d’irritants peuvent être nombreuses. Que ce soit à cause de friction entre collègues qui peuvent aller de désagréments mineurs jusqu’à une hostilité évidente, ou de problèmes avec un supérieur hiérarchique ou la direction, un milieu de travail peut facilement devenir un endroit anxiogène qui, pour certaines personnes, va pousser à la consommation afin de devenir émotivement et psychologiquement plus facile à gérer. De plus, la frustration ou la colère ont tendance à accélérer le processus de consommation ou de dépendance.
Certaines entreprises ont une manière de travailler bien à elles. Dans une situation de travail à distance, il était plus facile pour un employé de changer cette méthode pour une façon de faire qui lui convient mieux, tant que les résultats sont atteints. Malheureusement, le retour au bureau exige de revenir à une structure de travail plus rigide et souvent plus supervisée qui peut engendrer beaucoup de frustrations et un besoin de consommer pour atténuer le stress et les frustrations.
Éviter les pièges
On le voit bien, qu’il soit positif ou négatif, le retour au travail est rempli de pièges pour une personne aux prises avec un problème de dépendance. Il faut approcher cette situation avec l’esprit ouvert, mais en gardant un œil sur tout ce qui peut devenir un déclencheur.
Que ce soit vous ou un de vos collègues, la Clinique Nouveau Départ est là pour proposer un traitement efficace et personnalisé pour aider à vaincre la dépendance, sans jugement.