Ce qui se cache derrière votre dépendance?
Comprendre ce qui est à l’origine de sa dépendance à l’alcool ou aux drogues peut être la clé pour s’en sortir.
Souffrir d’une dépendance, que ce soit à l’alcool ou aux drogues, peut détruire votre carrière, vos relations familiales, vos amitiés, votre santé, votre vie. Trouver un moyen durable de se rétablir est donc une priorité.
Mais qu’en est-il des causes profondes de votre dépendance? Il est parfois difficile de se rétablir à long terme si l’on ne comprend pas pourquoi on consomme. Qu’il s’agisse du stress au travail ou d’un traumatisme passé, découvrir les causes réelles de sa dépendance peut souvent être la clé pour atteindre un rétablissement durable.
Reza Toghrol est ergothérapeute agréé, psychothérapeute et directeur des services cliniques au centre EHN Bellwood Toronto. Nous avons discuté avec lui de la façon dont la compréhension des causes à l’origine de la dépendance peut aider les personnes à se rétablir durablement. Voici ce qu’il avait à dire.
À la base, qu’est-ce qu’une dépendance?
Reza Toghrol : La dépendance est un moyen de gérer une émotion négative. Ainsi, de nombreuses personnes souffrant d’un trouble de santé mentale ou d’une dépendance ont de la difficulté à gérer leurs émotions, qu’il s’agisse d’anxiété, de tristesse, de chagrin ou de honte, et ces émotions sont très déplaisantes à ressentir pour elles.
Les gens ont une sensibilité différente, un niveau de tolérance différent. Ce n’est pas tout le monde qui vit l’anxiété de la même façon. Certaines personnes y ont une très faible tolérance, alors que d’autres adorent les montagnes russes ou sauter d’un avion. Il s’agit donc d’une incapacité, d’une difficulté à gérer les émotions qui sont déplaisantes, comme la tristesse ou la colère.
Et quel est le rôle de la dépendance dans cela?
Reza Toghrol : La dépendance aide à gérer ces émotions. Y a-t-il une composante neurologique liée aux changements qui se produisent dans le cerveau? Oui. Y a-t-il une composante génétique qui pourrait être transmise par les membres de la famille? Oui, bien sûr. Mais la cause fondamentale de la dépendance est : « J’ai de la difficulté à vivre une certaine émotion, alors je consomme pour gérer cette émotion. » Par exemple, « je me sens triste, donc je consomme ».
Dans les programmes de traitement des troubles concomitantsofferts par EHN Canada, comment la thérapie individuelle et la thérapie de groupe sont-elles utilisées pour traiter la dépendance et le trouble mental sous-jacent?
Reza Toghrol : Pendant les séances de thérapie de groupe, nous nous penchons sur l’incapacité à gérer les émotions. Quelle qu’en soit la raison, vous ressentez une émotion qui vous met très mal à l’aise et vous consommez [des drogues ou de l’alcool] pour la gérer. Les séances de groupe sont donc davantage axées sur les compétences, sur la gestion des émotions, sur la manière de réguler les émotions. Ça porte sur la prévention des rechutes. Comment puis-je éviter cela lorsque je quitterai le centre? Comment reconnaître mes déclencheurs et prévenir les rechutes?
Dans les séances individuelles, on entre davantage dans les détails. On se penche sur la situation propre à l’individu, sur les raisons sous-jacentes. Je dirais que ces éléments ressortent davantage dans les séances individuelles.
Mais cela dépend aussi du programme. Dans nos programmes pour le traitement des traumatismes, nous parlons de certains événements traumatiques en groupe. Et les groupes sont généralement plus petits, soit de cinq à six personnes.
Lorsque les personnes arrivent en traitement, ont-elles déjà une idée de la cause à l’origine de leur dépendance?
Reza Toghrol : C’est un mélange des deux. Certaines personnes sont dans le déni. Ce sont celles qui sont ici parce que leur partenaire ou leurs parents leur ont dit de venir ici. D’autres personnes sont encore en train de digérer tout ça.
Si vous venez en traitement, plus vous êtes vulnérable, plus vous vous confiez, plus vous en tirerez profit. Parfois, les gens apprennent à leurs dépens que s’ils ne s’ouvrent pas, s’ils n’examinent pas les causes profondes de leur dépendance, ils ne parviendront pas à se rétablir à long terme. Il est vraiment important qu’ils identifient et qu’ils acceptent ce qui est à l’origine de leur dépendance à la drogue ou à l’alcool.
Si une personne n’a pas pris conscience qu’elle a besoin d’aide, il est probable qu’elle reviendra nous voir plusieurs fois. Si une personne vient nous voir parce que ses parents font pression sur elle ou parce qu’elle veut gagner un procès ou récupérer son permis de conduire, il y a de fortes chances qu’elle rechute et revienne.
Le traitement exige un travail difficile, et la volonté d’aller mieux doit être présente. Ce ne doit pas être fait pour satisfaire ses parents ou pour que « les gens me laissent tranquille ». L’individu doit être au stade où il reconnaît qu’il a un problème et il doit vouloir obtenir de l’aide pour le régler.
En ce qui concerne les causes profondes, c’est ce que nous espérons amener les patients et les patientes à reconnaître pendant leur traitement. Cela permet de mieux comprendre nos pensées et nos comportements inadaptés.
Vous avez évoqué l’idée de facteurs environnementaux. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet?
Reza Toghrol : En effet, l’incapacité à gérer les émotions peut être liée à l’environnement.
Par exemple, si chaque fois que votre partenaire crie, vous faites ce qu’il ou elle vous demande, votre partenaire apprend que s’il ou elle crie, vous réagirez. Cela façonne son comportement. Votre partenaire va crier tout le temps parce que cela a été renforcé. Aujourd’hui, cette personne peut manifester de la colère en permanence, mais c’est quelque chose qui a été renforcé.
Si vous avez grandi dans une famille où chaque fois que vous pleuriez, votre père vous disait : « Arrête ça, les hommes ne pleurent pas. » En tant que jeune garçon, comment êtes-vous censé gérer votre tristesse? Vous apprenez à la réprimer, à la masquer. C’est ce que j’entends par environnement. Vous avez appris que la tristesse est mauvaise. Vous avez appris que la tristesse doit être refoulée. Les personnes que nous traitons savent qu’il ne s’agit pas non plus de rejeter tout le blâme sur les parents. Il y a tellement de facteurs différents qui influencent la façon dont, en tant qu’adultes, nous gérons nos émotions.
À quel moment de ce processus la consommation de substances entre-t-elle en jeu?
Reza Toghrol : Alors, dans cet exemple, disons que j’ai appris à masquer ou à réprimer ma tristesse. Mais la tristesse est une émotion insupportable. Donc, au lieu d’exprimer cette émotion, je vais peut-être l’engourdir en buvant un verre. Je ne peux pas montrer ma tristesse. Si je le fais, je ne suis pas un homme, ou je suis faible, ou je n’en ai simplement pas le droit. Je vais donc consommer pour atténuer mon émotion, pour que son intensité ne me dérange plus autant. Donc, je vais peut-être fumer de la marijuana à l’adolescence, mais je vais passer ensuite à l’alcool ou à des substances plus fortes pour continuer à gérer cette émotion.
Dans le cas des parents et de toutes ces circonstances profondément enracinées, les gens viennent en traitement et disent : « Non, mon père et ma mère sont formidables. Ils étaient si aimants, si attentionnés. »
La biologie, l’environnement, l’éducation, tout cela entre en jeu. Quand les personnes en traitement comprennent cela, elles prennent un pas de recul et se disent : « Ah, c’est peut-être ce qui m’est arrivé. C’est peut-être ce qui explique en partie mon incapacité à gérer cette émotion et pourquoi j’ai commencé à consommer. »
C’est cette compréhension qu’on recherche, obtenir cette perspective sur les causes qui peuvent être à l’origine du problème.
Et qu’en est-il des traumatismes?
Reza Toghrol : Dans le cas d’un traumatisme, c’est un peu différent, car notre cerveau passe en mode survie. En effet, lorsque quelque chose de traumatisant nous arrive, notre cerveau se met en état d’alerte pour éviter qu’une telle situation se reproduise. On se retrouve donc dans un état d’hypervigilance parce que quelque chose de grave s’est produit ou parce que notre cerveau veut assurer notre survie. La façon dont on traite les informations change également. On va développer plusieurs mécanismes de protection.
Le traumatisme est complexe, car, pour une personne, être dans cet état d’hypervigilance est très éprouvant. Imaginez si vous étiez toujours sur vos gardes. Il se peut que vous ayez besoin de consommer pour calmer un peu cette émotion, que vous ayez besoin de consommer pour gérer cet état d’hypervigilance.
Lorsqu’une personne suit un traitement et apprend à gérer un traumatisme passé, par exemple, est-ce que les mêmes outils peuvent lui être utiles pour affronter de futures situations?
Reza Toghrol : Oui, bien sûr. Si vous développez des compétences pour gérer vos émotions, ça ne se limite pas nécessairement à l’émotion qui est liée à votre traumatisme. Et si une émotion surgit lors d’une dispute avec votre partenaire? Ça s’applique vraiment à toutes les sphères de la vie. Vous apprenez des stratégies d’adaptation, des façons saines de gérer vos émotions, plutôt que de consommer des substances, de fuir ou de frapper contre un mur parce que vous êtes en colère.
Que vous souffriez de dépendance, de dépression ou d’anxiété, peu importe la raison pour laquelle vous êtes ici, on retrouve toujours le même dénominateur commun, le même enjeu : la difficulté à gérer les émotions. Notre rôle est donc de vous enseigner des compétences pour remettre en question les pensées qui influencent vos émotions et vous aider à mieux y faire face.
EHN Canada : Merci d’avoir partagé ces informations avec nous.
Reza Toghrol : Merci. Ce fut un plaisir!
Le traitement des troubles concomitants
Souvent, la dépendance s’accompagne d’un trouble de santé mentale sous-jacent. Un diagnostic exact des troubles présents et la mise en place d’un plan de traitement fondé sur des données probantes sont essentiels pour le rétablissement à long terme de l’individu.
Notre approche pour le traitement des troubles concomitants
Nous n’utilisons pas une approche toute faite pour traiter les troubles concomitants. Nous personnalisons plutôt le traitement en fonction de vos besoins. Nous commençons par une évaluation afin de nous assurer que nous offrons les programmes qui vous fourniront les outils nécessaires à l’atteinte et au maintien du rétablissement.
Que vous souhaitiez vous rétablir d’une dépendance à l’alcool ou aux drogues, d’un trouble anxieux, d’une dépression ou d’un traumatisme, nous adapterons votre plan de soins pour traiter toutes les causes sous-jacentes. Vous participerez à des séances de thérapie et de psychoéducation en lien avec les troubles concomitants, tout en apprenant à établir des relations qui vous aideront à briser le cycle douloureux de la gestion inadéquate des émotions et de l’adoption de stratégies d’adaptation inefficaces.
Les pratiques fondées sur les données probantes sont le fil conducteur qui unit tous nos programmes de traitement. Nous utilisons des méthodes comme les consultations individuelles, les discussions de groupe, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), la thérapie comportementale dialectique (TCD), la pratique de l’activité physique, la nutrition et d’autres approches éprouvées pour guérir votre corps et votre esprit.
Pour un traitement efficace des troubles concomitants
Nous sommes déterminés à assurer votre réussite pendant et après le traitement.
Votre plan de traitement n’est pas figé : nous l’adaptons en fonction de l’évolution de vos besoins. Cette approche flexible nous permet de faire tout ce qui est nécessaire pour que vous puissiez continuer votre démarche de rétablissement en toute sécurité.
Pendant que vous êtes sous nos soins, votre famille reçoit le soutien dont elle a besoin pour vous aider à poursuivre votre rétablissement lorsque vous rentrerez à la maison.
À la fin de votre traitement, vous intégrez notre programme de soins continus, qui vous donne accès à du soutien en personne ou en ligne. Vous avez également la possibilité de participer à un programme de contrôle de la consommation pour vous aider à maintenir la sobriété.
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